On laisse les GAFA contrôler nos émotions, nos vies et même le débat politique.

Interview sur France Info.

On laisse les GAFA contrôler nos émotions, nos vies et même le débat politique.

Entrepreneur dans le numérique depuis plus de vingt ans, ex-vice-président du Conseil du Numérique, le français Tariq Krim pense aujourd’hui que les géants du Web sont trop puissants et qu’il faut "lever le pied". Il défend le slow web.

Pourquoi faut-il se méfier des GAFA ?

Tariq Krim : Aujourd’hui, il y a quatre ou cinq sociétés qui ont le pouvoir de contrôler nos émotions, nos vies et même le débat politique, comme on l’a vu aux États-Unis avec l’élection de Donald Trump, ou en Grande Bretagne avec le Brexit. On a laissé se construire un monde dans lequel on n’est pas très à l’aise et qui n’a pas de véritable contre-pouvoir.

Pourtant, ce sont les GAFA qui ont changé nos vies et fait baisser les prix des technologies et des services…

Oui mais, quand on regarde l’histoire de l’Internet, on s’aperçoit que la première révolution, celle du Web, était quelque chose d’ouvert et d’accessible à tous. Ensuite, il y a eu une deuxième révolution que j’appelle "l’Internet boite noire", qui est née avec les smartphones, qui sont des plateformes fermées sur lesquelles on n’a pas vraiment de possibilités de faire ce que l’on veut. Ce monde est aujourd’hui une prison de verre.

Qu’est-ce que le Slow Web dont vous faites l’apologie ?

Le "slow web" se conçoit par analogie avec le "slow food" face à ces grandes plateformes qui sont devenues, elles, la "junk food" de la pensée. Nous avons créé un monde où tout le monde pense la même chose au même moment. Pour moi, le "slow web" est un concept d’environnement technique un peu plus "slow" et où les logiciels s’adressent vraiment à nous. Le web actuel manque de transparence, il nous manipule, nous vole notre temps et nous espionne en permanence.

Que peut faire l’Europe ?

On pourrait construire des outils plus simples, à taille humaine et neutres. C’est ce que j’essaie de faire avec la plateforme Dissident que j’ai créée, même si cela ne s’adresse qu’à une petite communauté. Au fond, je suis dans le numérique depuis plus de 20 ans, mais je pense, finalement, que l’on n’a pas besoin de tous ces outils dont on se sert tous les jours car ils ne sont pas aussi utiles qu’on le croit.

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