Il faut aider les startups Françaises.

Interview dans le Figaro sur la difficulté de financement des start-up en France.

Il faut aider les startups Françaises.

Vous faites partie de la communauté des Young Global Leaders (YGL) nommés en 2008. En quoi a consisté ce travail ?

Les YGL, c'est d'abord des rencontres, la dernière dans la ville chinoise de Tianjin, en 2008, lors d'une réunion du World Economic Forum. Nous avons des sessions de travail sur plusieurs notions (le leadership par exemple). Nous avons l'opportunité de rencontrer des personnalités au parcours extraordinaire.

Est-ce que cela aboutit à des initiatives concrètes ?

Absolument. Les YGL sont d'abord à la disposition du forum pour organiser des débats, envoyer des observations, pouvoir rencontrer des dirigeants qu'on informe sur l'actualité dans notre domaine d'activité, les nouvelles technologies dans mon cas. C'est surtout un réseau international.

Vous êtes présents cette année à Davos pour y délivrer quel message ?

Le forum est avant tout l'occasion de rencontrer des gens exceptionnels. Pas seulement les chefs d'états. Des entrepreneurs, des scientifiques, des artistes, dont certains sont de ma génération (Tariq Krim a 36 ans, ndlr). Davos est un lieu privilégié pour sentir ce que les leaders et experts pensent, surtout dans la grande période de doute que nous vivons actuellement. Dans mon cas, il est important de mesurer comment les médias, la technologie et l'internet qui sont les industries dans lesquelles je suis impliqué, vont pouvoir sortir de cette crise, et quelles sont les opportunités à venir.

Comment les entreprises du secteur des nouvelles technologies traversent-elles la crise économique ?

Elles la subissent de plein fouet. On compte déjà des dizaines de milliers d'emplois touchés. Le financement des start-up est affecté par le fait que les investisseurs sont eux même fragilisés par le "crédit crunch". J'ai eu l'occasion de parler avec plusieurs conseillers d'Obama sur ces questions et je pense que le plan de relance de la nouvelle administration américaine est très ambitieux et pourrait permettre de renforcer durablement l'économie high- tech américaine. En attendant la reprise, certains pays comme l'Angleterre vont supporter leur industrie high-tech. Je pense que c'est au niveau européen que l'on doit trouver rapidement des solutions. Les start-up européennes ne bénéficient déjà pas en temps normal de l'attention qu'elles méritent, hors ce sont elles qui construisent l'avenir. Il faut absolument les aider.

Vous souhaiteriez par exemple que la France adopte le même discours ?

Bien sur, j'ai le sentiment qu'on sous estime ce qui se passe ainsi que les conséquences pour notre pays. Ceci n'est pas une crise classique, c'est une crise transformationnelle qui va balayer un certain nombre d'acteurs qui n'auront plus aucune valeur ajoutée dans le monde de demain. Je ne saurais dire quand l'économie repartira, mais une chose est sûre, quand le moteur repartira les choix qui ont été faits dans les deux années à venir définiront les taux de croissance de notre pays. Obama a fait le pari d'une économie verte et d'installer une infrastructure haut débit digne de ce nom. En France, nous avons déjà une bonne infrastructure de haut débit, malheureusement nous n'avons qu'une industrie de l'internet très locale avec très peu de succès mondiaux. Et une volonté de protéger la presse papier plutôt que de financer uniquement la numérisation de cette dernière. Il faut en France un plan de relance plus ambitieux que celui des Etats-Unis, qui reconnaissent à la fois nos succès mais qui analysent avec honnêteté nos manques cruels dans les services internet et les stratégies en ligne des grands groupes.

Quels sont les besoins des entreprises dans votre secteur ?

Il y a quatre ans, nous étions quatre sociétés française du web 2.0 à pouvoir devenir des société de type Google ou Facebook. Aujourd'hui ces sociétés restent de tailles moyenne et sont fragilisées par la crise. Cette crise devrait être une opportunité de réfléchir aux raisons qui ont fait que nous n'avons pas de multinationale centrée sur l'activité web issue de France.
Les start-up ont besoin de capital à tout niveau de leur développement pour atteindre leurs ambitions mondiales. Aujourd'hui, on finit toujours par vendre aux grosses sociétés américaines. La crise de crédit touche tout le monde y compris les petites et moyennes entreprises. Aujourd'hui est probablement le meilleur moment pour lancer une société dans l'internet. J'espère voir émerger des milliers de start-up en France qui seront le catalyseur du changement dans ce pays. C'est aussi pour cela que j'ai rejoint en tant qu'associé le fond d'investissement ISAI qui investit sur des projets qui démarrent.

Que devient Netvibes dont vous avez quitté la direction l'année dernière ?

Netvibes poursuit son développement et propose désormais son expertise et sa technologie à de grandes marques. La société a annoncé qu'elle serait à l'équilibre d'ici à la fin de l'année. Dans le cadre d'une stratégie plus orienté vers le B2B, j'ai préféré laisser les commandes de la société dont je suis toujours actionnaire.

Ce ne sont donc pas uniquement ses revenus publicitaires qui financent Netvibes ?

Netvibes continue de faire une partie de ses revenus avec sa plate-forme publicitaire, mais cela demande du temps. L'une des leçons que je retiens c'est que l'innovation dans les médias et l'internet est souvent liée à une nouvelle forme de distribution et de création d'audience mais également à une création originale de revenus publicitaires. Si vous modifiez de manière durable ces modèles, vous captez alors une grande partie des revenus, comme c'est le cas pour Google.

A quoi ressemble votre nouvelle vie et surtout quels sont vos projets ?

Depuis que j'ai quitté Netvibes, j'ai passé beaucoup de temps à voyager et à consulter des amis ou participer à des colloques. Je travaille sur un projet de système d'exploitation gratuit pour cette nouvelle génération de portable ultra low-cost (moins de 400 euros). Nous en dirons plus dans les prochains mois mais c'est le projet le plus ambitieux sur lequel j'ai eu l'occasion de travailler à ce jour. C'est aussi le plus excitant car cette crise et la maturité des services internet va faire exploser les modèles économiques traditionnels de l'informatique et du logiciel.

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